Voici une fiche-résumé de l’enseignement explicite des comportements en 5 étapes.
Références :
– Gaudreau N. (2024). Gérer efficacement sa classe. Les ingrédients essentiels. Québec : Presses universitaires du Québec, chapitre 6 (l’établissement d’attentes claires), p. 115.
– Bissonnette S., Gauthier C., Castonguay M. (2017). L’enseignement explicite des comportements : pour une gestion efficace des élèves en classe et dans l’école. Montréal : Chenelière.
– Bissonnette S., Falardeau E., Richard M. (2021). L’enseignement explicite dans la francophonie : fondements théoriques, recherches actuelles et données probantes. Québec : Presses de l’Université du Québec.
L’atelier zéro est un dispositif pédagogique facilitant la gestion des difficultés de certains élèves ou bien l’apprentissage d’une notion difficile pour l’ensemble de la classe mais de manière individuelle. Il vise donc la réussite scolaire individuelle.
C’est un dispositif que j’ai beaucoup utilisé en maternelle lorsque j’avais plus de 30 élèves. Il est transposable en élémentaire notamment.
Objectifs pour le maître :
– Enseigner individuellement à certains élèves au sein d’une classe entière.
– Être en capacité d’évaluer pour chaque élève les difficultés (obstacles) et pouvoir y répondre rapidement.
Objectif pour l’élève :
– Comprendre rapidement grâce à une intervention ciblée du maître.
– Dédramatiser l’erreur et ainsi gagner en confiance.
– Prendre le temps de bien comprendre.
Mise en place du dispositif :
Je conseille toujours, la première fois, de réaliser une fiche de préparation sur la notion faisant l’objet de l’atelier zéro, notamment si vous débutez afin d’évaluer si cette notion correspond bien à ce type de dispositif. En effet, ce n’est pas tout à fait un dispositif de remédiation mais un dispositif d’enseignement ; la notion à apprendre, comprendre doit donc l’être sur un temps court.
J’expliquais toujours le fonctionnement en amont et on le faisait « au théâtre » c’est-à-dire « pour de faux » afin de s’exercer collectivement au fonctionnement sans charge cognitive (pas de notion à apprendre en jeu).
Prévoir une activité en autonomie pour l’ensemble des élèves (30 mn environ). Cela fonctionne très bien en moyenne et grande sections. Exemple : j’utilisais beaucoup le temps de début d’après-midi consacré aux arts plastiques. Cela peut être également plusieurs ateliers, un plan de travail, des exercices en élémentaire, des activités pédagogiques dont le jeu est le vecteur… Chaque enfant doit pouvoir venir rapidement près de vous et se remettre à son activité initiale rapidement. Pas de peinture, travail nécessitant de se laver les mains etc.
Vous installez 3 ou 4 tables individuelles ou 2 bureaux double côte à côte et de manière à êtreface à l’ensemble de la classe.
Une fois que vous êtes installé au milieu de ces 3 places et que les élèves sont tous en activité, vous appelez 2 élèves qui viennent rapidement s’installer à votre droite et à votre gauche (2 d’un côté et 1 de l’autre si vous en appelez 3). Vous leur expliquez la notion, vous êtes modèle c’est-à-dire que vous pouvez écrire, lire…Vous réexpliquez autant de fois que nécessaire en variant et en vous adaptant à chaque enfant. Si un enfant a compris, assimilé, il retourne à son activité pendant que l’autre reste encore et vous appelez un autre enfant et ainsi de suite. Prévoyez une fiche avec tous les prénoms des élèves et une case « observations ».
Ce dispositif n’est pas fait pour les élèves en difficulté uniquement, sinon ils seraient vite stigmatisés. Il est fait pour l’ensemble des élèves et de temps en temps vous pouvez l’utiliser lorsque certains ont des difficultés. Il faut que ce dispositif concerne toute la classe afin que les élèves soient en confiance. Vous mettrez en moyenne, à peu près 4-5 séances de 30 mn afin qu’une trentaine d’élèves passent à l’atelier zéro. Au départ, cela laisse une impression de temps long (« je n’ai pas le temps de faire cela ») mais quand vous l’expérimentez, vous vous rendez compte que tous ont compris et vous saurez exactement comment chacun a compris.
Les bénéfices seront pour vous:
– Pas de remédiation nécessaire ou très peu.
– Bien connaître les problèmes d’apprentissage, de compréhension… de chacun.
– Possibilité de valider par l’observation.
– Une meilleure appréhension du temps nécessaire à chacun afin d’apprendre, comprendre une notion.
– Un entraînement pour vous à reformuler des consignes, des explications.
Pour les élèves :
– Une plus grande motivation intrinsèque et extrinsèque.
– Une plus grande confiance en ses possibilités de comprendre et d’apprendre.
– Une attention de l’enseignant portée rien qu’à lui.
Lorsque vous aurez fait cette expérimentation plusieurs fois pour des notions différentes :
– Une connaissance aiguisée de la manière dont chaque élève comprend et apprend.
– Une aisance pédagogique à varier les consignes et à s’adapter à chacun.
– Des encouragements distribués aux élèves.
– Une confiance en vous en tant que professeur.
– Un climat de classe plus serein.
Tout est perfectible, j’attends vos retours afin de peaufiner ce dispositif !
Retrouvez la vidéo sur ma chaîne YouTube ou ci-dessous :
En lien notamment avec les priorités en langage pour la grande section en septembre octobre 2020 (ici), je vous propose un tableau d’ordre d’apprentissage du nom et du son des lettres des plus faciles au plus difficiles à retenir pour les enfants. Cela pourra vous guider et l’ensemble est issu des recherches scientifiques mentionnées dans le document en pdf.
Voici le cours sur le Graphisme et l’écriture que je fais auprès des Professeurs des Écoles stagiaires nommés en alternance dans une école maternelle (mention 1 des masters MEEF). Comme d’habitude, le point sur l’évolution des recherches dans ce domaine suivi de pistes pédagogiques sur la motricité fine, la préhension, le tracé graphique…
Il complète les progressions de la PS à la GS et les différents modèles d’écriture.
J’espère que cela vous aidera pour enseigner en maternelle mais aussi pour l’épreuve écrite de français du CRPE.
Le « mange-soucis » ou « avale-soucis » permet aux enfants d‘exprimer leurs émotions. Comme l’explique Catherine Guéguen (2018), chez les jeunes enfants, c’est le cerveau archaïque et émotionnel qui domine (jusqu’à 5 ans) ce qui fait qu’il crie, hurle, pleure, fait une colère… « Arrête de pleurer » ou « calme-toi » sont des phrases qui viennent automatiquement chez un adulte vis à vis d’un enfant. Lui parler doucement, calmement, dire « non » mais sans crier ni humilier s’apprend et les neurosciences affectives et sociales nous y aident. Pour accompagner concrètement des phrases chaleureuses et rassurantes quand une colère arrive ou qu’un enfant hurle, il y a le « mange-soucis ». Dans le commerce ou sur internet (avale-soucis à fabriquer), ils sont souvent représentés par des petits montres. J’ai pris un peu le contre-pied car si l’avale-soucis fait bien son travail et libère ainsi l’enfant d’une émotion contrariante, il devient un compagnon, dont on aimerait peut-être se passer mais un compagnon qui a aidé au bon moment. L’avale-soucis que je vous présente n’est donc pas un monstre mais une grenouille a la large bouche permettant d’engloutir des petits mots écrits mais surtout des mots-maux oraux. Souvent, les avale-soucis ont une bouche qui peut s’ouvrir et se fermer grâce à une fermeture à glissière à grandes dents, afin d’accentuer le côté « monstre » ; j’ai donc choisi une fermeture à glissière fine. La grenouille n’est pas verte pour casser les codes, ainsi elle n’est pas tout à fait une peluche ni un doudou. Elle a un ventre dans lequel on peut aussi déposer des soucis et son dos forme une cape de super-héros puisqu’elle délivre ! Vous n’avez pas besoin de patron cette fois pour la réaliser :
1. Prendre une coque en mousse, la tailler pour lui donner la forme de la bouche, surfiler.
2. Coudre la fermeture à glissière qui permettra d’obtenir une bouche ouverte ou fermée.
3. Dans du tissu matelassé, découper 2 ronds de 7 cm de diamètre pour les yeux, surfiler.
4. Passer un fil tout autour. Mettre un peu de rembourrage. Tirer sur le fil pour fermer les yeux et les coudre sur la coque à l’aide de gros boutons-pressions, c’est plus facile.
5. Découper 2 carrés de 30 X 30 cm dans 2 couleurs ou motifs différents. Surfiler et coudre en laissant 10 cm ouvert en haut et au milieu afin de retourner l’ouvrage au niveau du cou. Repasser sur l’endroit.
6. Passer un fil tout le long de l’encolure (partie non cousue), serrer et coudre à la tête.
7. Nouer un ruban autour du cou et 4 petits rubans aux angles pour symboliser les pattes.
Il ne reste plus qu’à présenter Justin CALIN ou ses cousins à la classe, expliquer son rôle et lui trouver une place accessible pour les enfants.Plusieurs peuvent être fabriqués pour l’école dont un pour le dortoir ou un autre dans la salle de jeux voire à l’entrée des toilettes… Les avale-soucis trouvent également leur place en crèches et jardins d’enfants.
Il y a les fiches de lecture scientifique, les fiches pour préparer l’oral du CRPE « Connaissance du Système Educatif » et puis, de manière un peu plus légère, mais tout aussi importante : les « mange-soucis » ou encore appelés les « avale-soucis« .
S’il en existe pour les enfants afin de les aider à maîtriser leur stress, gérer leurs émotions, je n’en ai pas trouvé pour adultes. Et pourtant… les adultes n’ont-ils pas à gérer leur stress, et leurs émotions ? Mais un mange soucis pour les étudiants préparant le CRPE, il fallait oser ! Oui et non car si l’on souhaite que ces futurs enseignants s’attardent sur les ouvrages de Catherine Guéguen, particulièrement « Heureux d’apprendre à l’école. Comment les neurosciences affectives et sociales peuvent changer l’éducation » paru aux éditions Les Arènes en 2018, et bien il faut illustrer comment ces futurs enseignants pourront, plus tard dans leur classe, ou très vite en stage, confectionner un mange soucis pour leurs élèves.
Celui-ci s’appelle « Hippo-cible CRPE » (comme c’est dimanche je traduis au cas où… « C’est possible le CRPE » !) et dès que mes étudiants M2 MEEF mention 1 rentreront de stage, il découvriront en salle G13 Pédago Ginette, à l’atelier où nous préparons l’oral CSE, ce mange-soucis car, à cet atelier, il arrive qu’il y ait des émotions à gérer… Je ne doute pas que les étudiantes du master PEPAD « Petite enfance et Partenariat éducatif » l’utiliseront elles aussi avec grand plaisir !
Et voici les 10 étapes de sa fabrication et les patrons :
2. Assembler sur l’envers et coudre de chaque côté au niveau des poignets.
3. Poser l’assemblage en ouvrant la bouche, cela donne le format du patron 2.
4. Découper la bouche, surfiler et la coudre sur la tête.
5. Remettre à l’endroit. Repasser pour avoir des contours bien nets.
6. Sur l’envers, coudre au milieu de la bouche pour que celle-ci ait une forme correcte.
7. Coudre les narines (2 boutons) et les yeux (2 boutons boules).
8. Découper 4 fois (2 X 2 couleurs) les oreilles (patron 3).
9. Surfiler, coudre 2 par 2. Retourner, repasser. Pincer et coudre à la base de l’intérieur des oreilles.
10. Coudre les oreilles à la main.
Mardi, je vais aller travailler avec 3 enseignantes et leurs élèves de CE1 sur la mémorisation du nom des lettres. Je vais donc coudre également un mange-soucis que j’emporterai si jamais certaines lettres faisaient de la résistance !
Nommer les lettres rapidement et automatiquement seraient deux facteurs importants du développement de la lecture.
1. Il est nécessaire d‘évaluer individuellement chaque élève (cycle 1-cycle 2 et cycle 3 : voir conseil 3) concernant le nom des lettres car c’est ce qu’il convient d’acquérir en premier. Cela vous permet d’avoir une connaissance très précise de ce que chacun sait. C’est un peu long mais ce temps sera très vite regagné par la suite : vous saurez quelles lettres travailler en collectif et quelles lettres travailler en APC par exemple. Pour évaluer, une fiche contenant les lettres dans le désordre en times new roman 14 ou 16 est proposée. Demandez à chaque enfant le montrer une lettre et de donner son nom aussitôt. Paradoxalement, la bienveillance ici, consiste à ne pas compter juste toute reprise (« m » non « n ») ; toute hésitation (« je crois que c’est « j ») et une réponse juste mais après 3 secondes de réflexion… car c’est le reflet de connaissances non stabilisées. La dénomination rapide montre si l’accès au nom de la lettre est rapide (et non uniquement s’il connait le nom de la lettre), preuve d’une connaissance automatisée et stable.
2. Faire attention de ne pas enseigner au début, uniquement le nom des voyelles car le son est égal au nom (a-e-i-o-u) et le risque est que des enfants en déduisent la même chose pour les consonnes. N’utilisez pas uniquement un support papier et l’encre mais variez les supports de manière à favoriser la mémorisation par les sens : lettres en creux à toucher ou lettres en papier rugueux… Dans tous les cas, bien orienter la lettre et/ou son support, et ne pas faire travailler les enfants les uns en face des autres mais côte à côte afin d’éviter les confusions (b-p ; q-d ; u-n).
3. Cet enseignement n’est pas à réaliser uniquement aux cycles 1 et 2. Évaluer la connaissance du nom des lettres au cycle 3 peut vous révéler des lacunes à combler.
La recherche que j’ai menée au cycle 3 révèle qu’un élève de CE2 sur deux peut ne pas connaître le nom des 26 lettres de l’alphabet (éducation prioritaire). En voici un résumé : Cette recherche longitudinale se compose de 300 élèves de CE2(8 ans) répartis au sein de deux groupes (expérimental : 235 élèves et témoin : 65 élèves). Le groupe expérimental a été divisé en deux, l’un a suivi un entraînement en conscience phonologique et en connaissance du nom des lettres (110 élèves) tandis que l’autre a suivi uniquement un entraînement de la conscience phonologique (125 élèves). La durée de l’entraînement réalisé par les enseignants a été de trois ans.
Les 298 élèves de CE2 (2 élèves présentent un handicap visuel) de l’échantillon ont passé une évaluation du nom des lettres de l’alphabet.
Résultats :
Quel que soit le groupe, moins de 50% des élèves de CE2 connaissent le nom des 26 lettres. J’ai répertorié le nombre d’erreurs pour chacune des lettres :
a
b
c
d
e
f
g
h
i
0
9
7
17
1
0
18
4
0
j
k
l
m
n
o
p
q
r
28
9
32
1
2
0
10
54
0
s
t
u
v
w
x
y
z
18
2
1
0
8
14
31
2
Pour en savoir plus, voici un power-point de présentation de cette recherche et de l’évaluation du nom des lettres dans tous les niveaux d’une école élémentaire :
Ces conseils sont issus de mes lectures théoriques sur la conscience phonologiquedepuis 1985, de ma pratique en classe (mes classes puis celles de collègues), des formations d’enseignants, du suivi d’enseignants lors de cet enseignement, de construction d’outils pour la pratique… :
1- L’enseignement de la conscience phonologique se fait sur le long terme : la recherche prévoit souvent dès 4 ans, le Ministère de l’Éducation Nationale prescrit cet enseignement dès laPetite Section (Circulaire de rentrée, BO n°22 du 29 mai 2019). Cela implique une progression d’école qui est a minima « Syllabe-rime-phonème » (voir progression proposée plus détaillée dans la rubrique langage oral).
2- L’enseignement doit être régulier et continu : si vous faites des séances pendant 3 semaines et que vous n’en faites plus pendant 15 jours, vos élèves perdront les acquis ! C’est ce qui explique souvent les différences d’acquisition entre deux classes aux mêmes caractéristiques. Si vous avez une rupture temporelle, en général, il faut reprendre depuis le début ou presque. Je conseille souvent deux séances de 20mn par semaine mais cela peut être un peu tous les jours ; deux séances par semaine aident à conserver un bon rythme sur le long terme en tenant compte des imprévus en classe. Une fois par semaine n’est pas suffisant car c’est un apprentissage systématique qui doit être automatisé.
3- Deux biais auxquels il est nécessaire de veiller :
Ne faire que de la scansion de syllabes : chocolat : cho-co-lat. Il faut enseigner tout autant la fusionde syllabes : proposez cho-co-lat en entrecoupant chaque syllabe d’une ou deux secondes et demandez de quel mot il s’agit. J’ai montré dans ma recherche que des élèves de cycle 3 ne parviennent pas à faire cet exercice. La scansion et la fusion servent l’encodage et le décodage qui sont complémentaires en lecture.
Éviter l’enseignement des phonèmes car beaucoup plus difficile que l’enseignement des syllabes : certes, mais il est nécessaire d’arriver à ce grain fin : il faut enseigner la reconnaissance des phonèmes composant un mot, une syllabe en grande section.
Bon enseignement et écrivez-moi si vous rencontrez des soucis ou encore mieux : écrivez-moi aussi vos réussites. On constate souvent des progrès chez les élèves à partir de 17/18 séances. Patience, patience et n’oubliez pas que cet enseignement portera ses fruits en élémentaire ! Un vrai travail d’équipe !
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