Quart d’heure lecture des enseignants : l’entrée à l’école maternelle par Pauline Kergomard en 1886

     Après un long passage concernant la propreté des enfants (du corps, du linge, des cheveux…) pour que les mamans considèrent que c’est « sérieux », Pauline Kergomard ajoute ce passage, que j’ai choisi de partager avec vous dans le cadre du « quart d’heure lecture » pour enseignants !

« J’engagerai cependant les directrices à être très indulgentes les premiers jours, pour qu’aucun nuage, soit entre la mère et elles, soit entre elles et l’enfant, n’assombrisse l’arrivée de ce dernier ; car une des grosses difficultés qu’elles rencontrent d’abord, c’est l’acclimatation de l’enfant. Il y a des petiots pour lesquels c’est un vrai désespoir de perdre de vue leur mère pour un instant, à plus forte raison quand il faut la quitter pour aller dans une maison inconnue, parmi des individus inconnus. Pour tous, sans distinction de tempérament physique et moral, c’est un changement complet d’habitudes ; enfin un grand nombre ont déjà entendu parler de l’école comme d’un épouvantail, comme d’une espèce de maison de correction. Beaucoup de parents se souviennent encore de l’ancienne férule, et la brandissent en imagination sur les menottes des futurs écoliers. Il ne faut donc pas s’étonner de toutes les larmes qui coulent, de tous les cris qui attristent, le matin, les préaux de nos écoles maternelles.

Il faut accueillir ces dépaysés, ces apeurés avec des sourires, des bras tendus, des paroles de tendresse et des baisers ; il faut qu’ils comprennent qu’à l’école maternelle ce que l’on trouve, ce sont des soins, des chants, des jeux, du bonheur. » (Kergomard, 1886, p. 22-23).

Kergomard P. (1886). L’éducation maternelle dans l’école. Paris : Hachette.

 

2 réflexions sur “Quart d’heure lecture des enseignants : l’entrée à l’école maternelle par Pauline Kergomard en 1886

  1. Très belle citation … mais quelles désillusions a pu connaître Pauline Kergomard pour écrire, vers la fin de sa carrière :  » Mesdames, au moment de nous séparer, le mot vibrant de monsieur Malapert tinte dans mon cœur comme dans mon esprit, je vous le rappelle : Quand je pense qu’il y a des enfants de 2 à 6 ans à l’école, je ne sais si je dois en rire ou pleurer. Soyez sûres qu’il en pleure … comme moi. Croyez aussi que nous comptons sur vous pour changer nos pleurs en un sourire reconnaissant ”.
    C’est aussi notre souhait !
    Aperçu rapide des écoles maternelles de1837 à 1910  par Pauline Kergomard

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    • Quel vibrant témoignage du passé de notre école.
      Il y a deux heures vous écriviez cette citation sur mon blog et moi je donnais un cours aux étudiants de master 2 professeurs des écoles sur le graphisme et l’écriture : occasion de présenter vos travaux ! Pour eux aussi, il faut viser le sourire reconnaissant. Merci à vous Marie-Thérèse.

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